BANDIT OU POÈTE
Le futur me pardonnera-t-il les hiéroglyphes obscurs
sur le papier vierge,
Mon cœur gros de bandit et de poète ?
– Peuh ! Même s’il me condamne… quoi qu’il arrive
j’ai déjà tout perdu…
Si jamais je me rassasie de la poésie, je me tuerai ! Aux yeux
affreusement souillés par le réveil atroce.
Promis, juré, craché ! de toute façon un jour l’ultime goutte
boueuse de pluie s’écoulera de vaisseaux sanguins,
Et ensuite ?
Croyez-moi, c’est ainsi gravé sur les paumes de mes mains.
Même si l’on me tue sur les docks comme un cleptomane qui
dérobe les tuniques ensanglantées aux aurores océaniques,
Sois béni, mon poème, par un léger gonflement des
ganglions lymphatiques !
Le ciel par mes fenêtres est effroyable…
Ou bien c’est la nuit toujours catastrophique qui a effacé
tous les horizons ?
Voici 27 ans que je me noie dans l’écœurant océan
de la poésie :
Est-ce ainsi que la locomotive pleure sur le quai de gare,
La pluie dans le saxophone,
Un oiseau au Salvador ?…
À quoi bon apporter à l’humanité ce point du jour
balkanique fermé à clef dans ma valise ?